Machiavel



Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes.

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samedi 30 avril 2016

Lloyd Mallan sur les soi-disant ICBM soviétiques I


Une fusée à carburant solide affiche un taux d’accélération fantastiquement plus élevé que celui des fusées traditionnelles se servant de produits chimiques liquides comme carburant et comburant. Sa vitesse de décollage excessivement rapide l’identifierait sans aucun doute sur nos écrans radar.
[…] « Ils [les Russes] n’ont pas de missiles balistiques stratégiques à propergol solide, par exemple. Si notre force se composait uniquement de missiles à propergol liquide, nous serions sérieusement handicapés, » il [Robert McNamara, alors Ministre de la Défense des US] déclara aux directeurs de la publication d’U.S. News & World Report lors d’une interview publiée dans leur numéro du 12 avril 1965. Il ajouta : « Il n’existe aucun indice qu’ils nous rattrapent ou ont même l’intention de nous rattraper [dans le domaine des ICBM à propergol solide]… Il n’existe aucun indice qu’ils sont entrés dans la course à ce moment précis. »
                Environ trois semaines après que l’interview de McNamara a paru dans la presse aux USA, les deux nouveaux types d’ICBM à propergol solide sont apparus dans les rues de Moscou. Apparemment ils n’avaient pas été testés, sinon on peut penser que Mr. McNamara en aurait entendu parler grâce à nos radars et autres systèmes d’espionnage électroniques installés aux frontières de l’URSS.
                En fait, la position officielle du gouvernement US n’a pas changé, que des « ICBM à propergol solide » soient bien apparus dans les rues de Moscou ou pas. Comme rapporté par Aviation Week & Space Technology, dans le numéro du 6 décembre 1965 : « Voici comment les officiels US ces derniers jours ont répondu aux questions concernant l’apparente contradiction par la Russie des propos tenus précédemment par McNamara :
                « Q. La présentation des missiles à carburant solide russes a-t-elle été une surprise ?
                « R. Autant que nous sachions, ils ne disposent pas de missiles à carburant solide développés ou en phase de développement pour être utilisés comme ICBM.
                « Q. Cela veut-il dire que les USA doutent des prétentions russes quant à la possession de missiles à carburant solide ?
                « R. Nous ne disposons pas d’informations suffisamment solides pour être capables d’arriver à une certitude absolue quant à savoir si oui ou non les Russes développent bien des ICBM à carburant solide. » »
[…]
D’après mon expérience personnelle avec les réacteurs de fusée à propergol solide, je ne peux qu’être de tout cœur avec le Ministre McNamara – une position que je n’ai pas l’habitude de prendre. Les Russes, une fois encore, sont à l’évidence des menteurs. Leurs missiles stratégiques de longue portée et à propergol solide, capables de localiser avec précision une cible n’importe où sur Terre sont, au même titre que nombre de leurs « avancées » dans le domaine de l’aérospatiale, des hoax éhontés.
                Comment sais-je cela ? Parce que je me suis rendu à Cap Kennedy à de nombreuses reprises : aucun individu non autorisé ne peut s’approcher à moins de 3,2 km du site de lancement où une petite fusée à propergol solide, tel que le Pershing, est positionnée. Les restrictions de distance pour les grosses fusées à propergol solide – Minuteman et Titan III-C – sont de 4,8 km et plus. Au Laboratoire de l’Armée de l’Air sur la Propulsion des Fusées dans le désert du Mojave en Californie, il y a une porte de sécurité à 8 km de la zone de test des réacteurs de fusées à propergol solide. À cette porte, les gardes ont obligation de vous fouiller et d’enlever toute allumette, tout briquet, et autres éléments ou matériaux inflammables. Ils ont même pris mes cigarettes lorsque j’ai visité la zone de test. Ils vous rendent bien évidemment vos biens quand vous quittez la zone, mais ce qui importe ici est le soin extrême pris lorsque des réacteurs de fusées à propergol solide sont impliqués.
                Et à juste titre : ce sont de gigantesques bombes au sens strict du terme. Les produits chimiques hautement explosifs qui composent les fusées à propergol solide sont excessivement dangereux. Leur taux de combustion est contrôlé par leur aérodynamisme spécialement conçu quand ils sont correctement allumés et qu’ils développent une fantastique poussée en un court laps de temps.  Mais s’ils sont allumés accidentellement, cela peut résulter en une explosion catastrophique.
                Autre fait les concernant : leur enveloppe et leur tuyère font partie intégrante du système. Contrairement aux fusées à propergol liquide, pour lesquelles le carburant et le comburant peuvent être retirés des réservoirs pour permettre le transport de ces fusées, celles à propergol solide ont toujours le plein fait jusqu’à ce qu’on les lance.
                Cela ne semble pas dissuader les Russes de parader leurs missiles à propergol solide dans les rues de Moscou lors des célébrations des différents jours fériés. S’ils étaient véritablement des armes à propergol solide comme ils le prétendent, il est incroyable qu’au moins une de ces célébrations n’ait pas été gâchée par un holocauste inattendu de feux d’artifice. Les moscovites et touristes qui remplissent les rues lors des parades des 1er mai et 7 novembre comprennent de nombreux fumeurs, qui aspirent avec enthousiasme sur leur cigarette alors que le missile défile devant eux.
                Les Soviétiques n’ont montré qu’une paire de Big Brother et Little Sister – la même paire dans trois défilés jusqu’à présent. Si vous devez parader un modèle de fusée plutôt qu’une vraie, il est bien moins coûteux et prend bien moins de temps de le faire avec des coquilles vides. Aussi il est moins facile de repérer des différences dans la construction.
                Il n’y a pas si longtemps j’ai discuté de cette thèse avec un de mes amis qui travaille pour le gouvernement dans les renseignements. […]
                « As-tu jamais entendu parler, ou es-tu au courant, d’un quelconque cas dans n’importe quelle ville des USA où on a fait défiler un vrai missile Polaris ou Minuteman dans les rues ? »
                Il a réfléchi pendant un long moment. Puis il a répondu : « Non. »
                « Peut-être est-ce parce que le propergol dans les réservoirs est dangereux, » j’ai dit. « Ils pourraient exploser accidentellement. »
                Cette fois la pause fut courte et il sourit. « C’est génial ! » s’écria-t-il. « Je vois où tu veux en venir ! Les Soviétiques paradent leurs missiles à propergol solide dans les rues à chaque célébration ! » Une fois de plus il fit une pause. « Tu es vraiment en train de me dire que ces missiles russes à propergol solide sont des modèles en bois – ou quelque chose du genre ? »
                « Exactement. »
                « C’est vraiment excellent ! Je n’y avais jamais pensé moi-même. C’est vraiment génial. C’est vraiment quelque chose qui fait réfléchir ! Excellent ! »
[…]

Si l’Union Soviétique ne peut concevoir des SAM [Missiles Sol-Air] de courte portée avec une précision létale intégrée, comment peuvent-ils produire des ICBM de longue portée des centaines de fois plus difficiles à guider ?

https://joyeusespsyops.wordpress.com/2016/04/07/lloyd-mallan-pdf/




mardi 19 avril 2016

Témoignage du Major Alexander P. de Seversky II

Ceux qui réussirent à s’extirper du chaos se précipitèrent vers les ponts. Il y a des raisons de croire que l’un de ces ponts s’est effondré sous le poids de la foule en panique, bien que d’aucuns soutiennent qu’il n’a pas résisté à l’explosion de la bombe. Sur les autres ponts, la pression de la population hystérique a fait craquer les rambardes, catapultant des milliers d’individus vers leur mort par noyade. Les rambardes manquantes n’ont pas été arrachées par l’explosion de la bombe comme il a été fréquemment rapporté.

À une échelle gigantesque et horrible c’est le feu, le feu seul, qui a eu les conséquences les plus lourdes en termes de vies humaines et de biens endommagés à Hiroshima et Nagasaki.

Les victimes ne sont pas mortes sur le coup dans une espèce de dissolution atomique. Elles sont mortes comme les gens meurent dans un incendie. Il est fort possible que l’onde de choc ait été suffisamment puissante pour causer des blessures internes à nombre de personnes se trouvant près du centre de l’explosion ; en particulier des blessures des poumons – un effet connu des bombardements classiques utilisant des explosifs à haut gradient.

Peut-être que certaines morts ont été dues à la radioactivité. J’ai rencontré des gens qui avaient entendu parler de morts par brûlures ou empoisonnements radio. Mais je n’ai pas pu obtenir de confirmation de première main. Les docteurs et infirmiers dans les hôpitaux que j’ai visités n’avaient enregistré aucun de ces cas-là, bien que certains avaient entendu parler de telles occurrences. J’ai également interrogé des pompiers et des employés de la Croix Rouge qui s’étaient précipités dans Hiroshima et Nagasaki dans les premières minutes après les attaques. Tous démentirent une connaissance directe d’une quelconque radioactivité rémanente.

Tels sont les faits comme je les ai rencontrés – ils me semblent suffisamment tragiques sans y ajouter une garniture pseudoscientifique. Je ne suis pas le seul à abriter cette opinion. Des observateurs scientifiques sur place à qui j’ai parlé partageaient en général mon point de vue. Rien d’officiel n’est venu du Ministère de la Guerre pour justifier les exagérations fertiles. Il n’est tout simplement pas vrai que de la matière a été vaporisée par l’intense chaleur – si l’acier s’était évaporé alors certainement le bois aurait fait de même, et le bois intact se trouvait en abondance partout dans les gravats. Dans aucune des deux citées bombardées on a trouvé de « point dénudé » tels que ceux créés lors les essais au Nouveau Mexique, et les deux zones touchées par les bombes atomiques montrent des troncs d’arbres et des murs recouverts de plantes grimpantes, invalidant ainsi les affirmations de super chaleur.

Plus j’analyse en détails mes observations, en fait, plus je suis convaincu que les mêmes bombes lâchées sur New York ou Chicago, Pittsburgh ou Detroit, n’auraient pas causé plus de morts que l’une de nos blockbusters, et les dégâts immobiliers auraient pu se limiter à des vitres cassées sur une vaste surface. Il est vrai que les bombes atomiques furent apparemment détonnées trop haut pour atteindre l’effet maximal. Si elles avaient explosé plus près du sol, les effets de la chaleur intense auraient pu être impressionnants. Mais dans ce cas l’explosion aurait pu être localisée, restreignant fortement la zone de destruction.

Trois scientifiques de l’Université de Chicago me prirent sérieusement à partie pour avoir dit que 200 B-29 chargés de bombes incendiaires auraient pu causer autant de dégâts. Ils expliquèrent que « si 200 Superforts avec des bombes ordinaires pouvaient annihiler Hiroshima comme une seule bombe atomique l’a fait, le même nombre d’avions pourrait annihiler 200 villes avec des bombes atomiques. »

Ces experts oublièrent juste de mentionner un détail – que les 200 villes devaient être aussi frêles qu’Hiroshima. Sur une ville faite majoritairement de béton et d’acier, les explosifs à haut gradient devraient être ajoutés pour avoir l’effet escompté. Une seule bombe atomique lancée sur Hiroshima équivalait à 200 Superforts ; mais à New York ou Chicago un autre type de bombe atomique explosant d’une autre manière serait nécessaire avant de pouvoir correspondre à un Superfort chargé d’explosifs à haut gradient.

Il me semble complètement trompeur de dire que la bombe atomique larguée sur le Japon était « 20.000 fois plus puissante » qu’un blockbuster au TNT. Du point de vue de l’énergie totale produite, cela est peut-être exact. Mais nous ne nous occupons pas de l’énergie libérée dans l’espace. Ce que nous devons considérer est la portion qui fut effectivement démolie. De ce point de vue, le chiffre de 20.000 est immédiatement réduit à 200 sur une cible telle qu’Hiroshima. Sur une cible telle que New York, le chiffre de 20.000 tombe à un ou moins.

Cependant, la comparaison d’une bombe atomique avec une bombe au TNT, à ce stade de développement, revient à comparer un chalumeau et une perceuse. Tout dépend de si vous essayez de brûler une clôture en bois ou de démolir un mur en béton. Tout ce qu’on peut affirmer avec certitude c’est que la bombe atomique s’est révélée totalement efficace pour la destruction d’une ville hautement fragile et inflammable. C’était l’un de ces cas où la bonne force a été appliquée contre la bonne cible au bon moment afin de produire l’effet maximal. Ceux qui ont pris la décision tactique de l’utiliser dans ces cas-là devraient être complimentés.

La bombe larguée sur Nagasaki était censé être de nombreuses fois plus puissante que celle larguée sur Hiroshima. Pourtant les dégâts à Nagasaki étaient bien moins importants. À Hiroshima, 10,6 km² ont été rasés ; à Nagasaki seulement 2,6 km². La bombe atomique améliorée, en d’autres termes, n’avait un rendement que d’un quart de son prédécesseur !

Pourquoi ? Plusieurs théories ont été proposées, mais personne n’en est sûr. Cela met en évidence le fait que quelque chose d’autre que la masse supplémentaire sera nécessaire pour produire des résultats plus importants sur la cible. Avec le temps, bien évidemment, le problème d’obtenir des résultats maximum à partir d’un missile atomique seront résolus. Les méthodes seront certainement développées pour perdre dans l’espace une moindre part de l’énergie libérée et pour mieux la diriger vers la zone à détruire.

Les scientifiques de Chicago me rappelèrent dans leur déclaration que « les bombes larguées sur le Japon furent les premières bombes atomiques jamais fabriquées. Ce sont des feux d’artifice comparé à ce qui sera développé dans dix ou vingt ans. »

C’est exactement le sentiment que j’essaye de faire passer : qu’elles en sont encore au stade de développement. L’humanité s’est plongée dans un état proche de l’hystérie à la vue des premiers résultats de la destruction atomique. L’imagination est déchaînée. Il y a ceux qui pensent que nous devrions nous débarrasser de toute autre forme de défense. Ils parlent de kamikazes qui se déguiseront, emporteront des bombes atomiques compactes dans des valises, et feront sauter ce pays. Une telle vision est fascinante, mais c’est une base dangereuse pour une vision nationale.

Concernant la taille des bombes, soit dit en passant, des propos ont été tenus par des gens mal informés. Combien de gens 'savent' que les bombes atomiques ne pesaient « que quelques dizaines de grammes » ou « quelques kilos » ? Après tout, notre bombardier le plus gros, pas un avion de chasse, a été choisi pour les transporter.

Un concours de circonstances a favorisé l’hystérie atomique. Les Japonais avaient toutes les raisons de propager des versions extrêmes. La bombe atomique leur a fourni l’excuse parfaite pour sauver la face au moment de la reddition. Ils pouvaient désormais prétendre qu’un élément presque surnaturel était intervenu pour forcer leur défaite.

La bombe a également fourni l’excuse parfaite à nos dirigeants pour sauver la face. Ils étaient sérieux quant à une invasion, insistant qu’il ne pouvait y avoir de victoire sans affrontement des armées japonaises de la manière traditionnelle. Nous gagnions contre le Japon grâce à notre supériorité aérienne, mais je suis personnellement convaincu que nous aurions continué avec le projet d’invasion dans tous les cas et payé le prix tragique et inutile en termes de vies humaines. L’inertie des préjugés était trop forte pour être stoppée.

La bombe atomique a instantanément libéré tout un chacun des engagements passés. Le cauchemar d’une invasion s’est évanoui, un miracle sauvant la vie de peut-être un demi-million d’Américains et de plusieurs millions de Japonais. Bien que les épisodes d’Hiroshima et Nagasaki aient ajouté moins de 3% à la dévastation matérielle déjà infligée au Japon par les forces aériennes, sa valeur psychologique a été incalculable – à la fois pour les vaincus et pour les vainqueurs.

La bombe atomique a parfaitement répondu aux objectifs de propagande. Pour les isolationnistes elle semblait la preuve finale que nous pouvions laisser le reste du monde livré à soi-même – avec notre avance dans l’énergie atomique et notre savoir-faire supérieur, nous étions en sécurité. Les internationalistes, en revanche, essayèrent de nous intimider en nous rappelant que nous n’avions pas un monopole de la science. Tout le monde pouvait fabriquer la bombe atomique, disaient-ils, et si nous ne jouions pas le jeu nous allions être anéantis.

Je suis de ceux qui ont lutté contre l’inertie en matière de supériorité aérienne. Par conséquent je suis satisfait qu’en termes d’énergie atomique le public est au fait, et que nous planifions bien à l’avance. Mais il n’est pas besoin des cris d’orfraie qui paralysent la compréhension. Notre seule assurance est de faire face à la vérité dans le calme.

Je demande sincèrement une période de latence quant aux spéculations atomiques, afin de permettre aux esprits de se calmer.

Je suis le dernier homme à nier que l’énergie atomique introduit un nouveau facteur vital et peut-être révolutionnaire dans le domaine de la science militaire et des relations internationales. Mais je ne crois pas que la révolution a déjà eu lieu et que nous devrions abandonner toutes nos facultés normales à une espèce de frénésie atomique. Quoi que nous décidions de faire, faisons-le dans le calme, logiquement et surtout sans faire abstraction des faits vérifiables. 

samedi 16 avril 2016

Témoignage du Major Alexander P. de Seversky I

Auteur de "Victory Through Air Power"

(Reader's Digest, Février 1946, pages 121 to 126)

En tant que Consultant Spécial auprès du Ministre de la Guerre, le juge Robert P. Patterson, j’ai passé presque huit mois à étudier intensément les destructions causées par la guerre en Europe et Asie. Je me suis familiarisé avec tous les types de dégâts – dus aux explosifs à haut gradient, aux bombes incendiaires, aux obus d’artillerie, à la dynamite, et à des combinaisons de ceux-ci.

Dans cette étude, j’inspecte Hiroshima et Nagasaki, les cibles de nos bombes atomiques, examinant les ruines, interrogeant les témoins oculaires, et prenant des centaines de clichés.

C’était mon opinion, ai-je déclaré à des correspondants à Tokyo, que les effets des bombes atomiques – pas des bombes futures, mais de ces deux-là – avaient été largement exagérés. Si elles avaient été larguées sur New York ou Chicago, l’une de ces bombes n’aurait pas causé plus de dommages qu’une bombe blockbuster de dix tonnes ; et les résultats à Hiroshima et Nagasaki auraient pu être atteints par environ 200 B-29 chargés de bombes incendiaires, sauf que dans ce cas-là moins de Japonais seraient morts. Je n’ai pas « sous-estimé » les bombes atomiques ni nié leur futur potentiel. J’ai simplement présenté mes conclusions sur les dommages physiques causés par les deux bombes – et il se trouve que ces dommages contrastaient du tout au tout d’avec les versions hystériques répandues à travers le monde.

Mes résultats furent assaillis avec une colère viscérale par toutes sortes de gens, dans la presse, à la radio, dans des conférences publiques ; et par des scientifiques qui n’avaient jamais mis les pieds à moins de 8.000 km d’Hiroshima. Mais la violence de cette réaction ne peut changer les faits à disposition dans les deux villes.

J’ai commencé mon étude du Japon en survolant Yokohama, Nagoya, Osaka, Kobe, et des douzaines d’autres lieux. Plus tard je les ai tous visités à pied.

Tous présentaient les mêmes thèmes. Les zones bombardées avaient une teinte rosâtre – un effet causé par les monticules de cendres et de gravats mélangés à du métal rouillé. Les bâtiments modernes et les usines étaient toujours debout. Le fait que nombre d’immeubles aient été vidés de l’intérieur par des incendies n’était pas apparent depuis le ciel. Le centre de Yokohama, par exemple, semblait presque intact vu d’avion. La longue ceinture industrielle s’étendant d’Osaka à Kobe avait été réduite à néant par le feu, mais les usines et autres structures en béton étaient toujours en plan. Dans l’ensemble c’était une vision très différente de ce que j’avais vu dans les villes allemandes sujettes à des bombardements de démolition. La différente résidait dans le fait que la destruction au Japon était dans une très large mesure de type incendiaire, avec comparativement peu de dégâts structuraux sur les cibles ininflammables.

À Hiroshima je m’étais préparé à des visions radicalement différentes. Mais, à ma grande surprise Hiroshima ressemblait exactement à toutes les autres villes japonaises rasées par les flammes.

Il y avait une teinte rosâtre familière, d’environ 3,2 km de diamètre. Elle était parsemée d’arbres et de poteaux téléphoniques calcinés. Seul l’un des vingt ponts de la ville s’était effondré. Les groupements d’immeubles modernes d’Hiroshima dans le centre-ville étaient debout.

Il était évident que l’explosion ne pouvait pas avoir été si puissante que l’on avait été amené à le croire. L’explosion était plutôt extensive qu’intensive.

J’avais entendu parler d’immeubles instantanément consumés par une chaleur sans précédent. Pourtant ici je voyais ces buildings structurellement intacts, et, qui plus est, à leur sommet se trouvaient des mâts de drapeaux intègres, des paratonnerres, des balustrades peintes, des panneaux de signalisation en cas de raids aériens et autres objets comparativement fragiles.

Au pont en forme de T, la cible même de la bombe atomique, j’ai cherché le « point dénudé » où tout avait supposément été vaporisé en un clin d’œil. Il n’était ni là ni ailleurs. Je n’ai pu détecter aucune trace de phénomène inhabituel.

Ce que j’ai vu en revanche était essentiellement une réplique de Yokohama ou Osaka, ou des faubourgs de Tokyo – le tristement célèbre résidu d’une zone faite de bois et maisons en briques rasées par un feu incontrôlable. Partout j’ai vu les troncs d’arbres calcinés et dénués de feuilles, des morceaux de bois brûlés ou pas. Le feu avait été suffisamment intense pour plier et tordre des poutres métalliques et pour faire fondre du verre jusqu’à ce qu’il coule tel de la lave – tout comme dans les autres villes japonaises.

Les immeubles en béton les plus proches du centre de l’explosion, certains à seulement quelques pâtés de maisons du cœur de l’explosion atomique, ne montraient aucun dommage structurel. Même les corniches, les auvents et autres décorations d’extérieur délicates étaient intactes. Le verre des vitres s’était cassé, bien évidemment, mais les encadrements à un seul panneau avaient tenu le coup ; seuls les encadrements des fenêtres avec deux panneaux ou plus s’étaient pliés et affaissés. L’impact de l’explosion n’aurait par conséquent pas pu être hors du commun.

Puis j’ai interrogé beaucoup de personnes qui étaient à l’intérieur de tels bâtiments quand les bombes ont explosé. Leurs descriptions correspondent aux dizaines et dizaines de récits que j’avais entendus de gens coincés dans des immeubles en béton dans des zones touchées par des blockbusters. L’immeuble de la presse à Hiroshima, avec ses dix étages, à environ trois pâtés de maisons du centre de l’explosion, avait été sévèrement touché par un incendie à la suite de l’explosion, mais n’affichait pas d’autre dégât. Les gens piégés dans le bâtiment n’ont pas souffert de quelconques effets inhabituels.

La plupart des encadrements de vitres furent soufflés à l’hôpital d’Hiroshima, à environ 1,6 km du cœur de l’explosion. Mais du fait qu’il n’y avait aucune structure en bois à proximité, il a échappé aux flammes. Les gens à l’intérieur de l’hôpital ne furent pas sérieusement affectés par l’explosion. En général les effets ici furent analogues à ceux produits par l’explosion distante d’une bombe à la TNT.

Le nombre total de morts, la destruction et l’horreur à Hiroshima étaient aussi grandes que décrites. Mais la nature des dégâts n’était absolument pas unique ; l’explosion et la chaleur n’étaient pas non plus si terribles qu’on le suppose généralement.

À Nagasaki, les immeubles en béton furent vidés de l’intérieur par le feu mais se tenaient toujours debout.

Tout le centre de Nagasaki, bien que majoritairement composé de constructions en bois, a survécu pratiquement sans subir de dégâts. On expliqua qu’apparemment ce centre avait été protégé de l’explosion par l’interposition de collines. Mais une autre partie de Nagasaki, en ligne directe et sans obstacles du centre de l’explosion et non protégée par des collines, a également échappé à une destruction sévère. L’explosion de Nagasaki s’était virtuellement dissipée du temps qu’il en fallut pour qu’elle atteigne cette zone. Quelques maisons s’effondrèrent mais aucune ne prit feu.

Toutes les destructions à Nagasaki ont été attribuées par le public à la bombe atomique. En réalité, la ville avait été lourdement bombardée si jours plus tôt. La fameuse usine Mitsubishi fut sévèrement punie par huit impacts d’explosifs à haut gradient.

Que s’est-il réellement passé à Hiroshima et Nagasaki ? Il y a très peu d’indices d'incendie direct ; c.-à-d., d’un feu alimenté par la chaleur de l’explosif lui-même. La bombe a apparemment explosé trop en altitude par rapport au sol pour cela. Si la température à l’intérieur de la zone d’explosion d’une bombe atomique est extrêmement élevée (et les effets des bombes du Nouveau Mexique semblent indiquer cela) alors la chaleur doit s’être dissipée dans l’espace. Ce qui a frappé Hiroshima était l’explosion.

C’était comme si une immense tapette à mouches de 3,2 km de largeur avait frappé une cité de frêles maisons en bois à moitié pourries et des bâtiments en briques branlants. Elle les a aplatis d’un seul coup, enterrant peut-être 200.000 personnes sous les gravats. Son efficacité fut accrue par l’incroyable fragilité de la plupart des structures japonaises, faites de poutres en bois de 5 cm par 10 cm, rongées par les termites et la pourriture cubique, et mal équilibrées à cause d’épaisses tuiles de toiture.

Les lattes en bois des maisons effondrées étaient empilées comme autant de bois de chauffe dans la cheminée. Les feux démarrèrent en même temps dans des milliers d’endroits, dû à des courts-circuits, des cuisinières renversées, des lampes à pétrole et des conduites de gaz rompues. Toute la zone s’est retrouvée dans un immense bûcher.

Lors des attaques incendiaires, les gens eurent la possibilité de s’échapper. Ils s’enfuirent de leurs maisons et coururent dans les rues, vers des lieux dégagés, vers les rivières. À Hiroshima la majorité de la population n’a pas eu cette chance. Des milliers d’habitants ont dû mourir sur le coup à cause des murs et des toits s’effondrant sur eux ; le reste fut coincé au cœur d’un enfer de flammes. Quelques 60.000 personnes, on estime, furent brûlées vives.

lundi 4 avril 2016

Anders Björkman - Le Hoax Nucléaire MàJ 2

Mis à jour de la 2ème page du site d'AB (pages 43 à 60). L'intro et plusieurs chapitres ont été étoffés, deux des quatre annexes ont été traduites (celle sur le témoignage de Seversky suivra peut-être plus tard). https://docs.google.com/file/d/0B3vFKC6vUwj8X0M5dXl2aXRLNnc/