Machiavel



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samedi 21 mai 2016

Lloyd Mallan sur les soi-disant ICBM soviétiques III

                Le 26 août 1957, l’agence de presse officielle soviétique, TASS, annonça que la Russie avait lancé avec succès un ICBM à une hauteur sans précédent  et que cet ICBM avait frappé en plein cœur de la zone cible. Aucun détail ne fut donné, mais dans une déclaration assez générale TASS dit que ce succès du missile russe prouvait qu’aucun endroit sur Terre n’était hors de portée des ICBM et qu’à partir de ce jour-là les forces aériennes stratégiques étaient devenues obsolètes. TASS faisait bien entendu référence aux bombardiers de l’US Strategic Air Command qui avaient réussi jusque-là à contenir l’URSS, empêchant le Kremlin d’effectuer des manœuvres agressives au-delà du rideau de fer, à travers le Proche-Orient et l’Europe.

                Quatre ans et six jours plus tôt, le 20 août 1953, l’URSS avait annoncé l’explosion d’une bombe H pour la première fois. Georgyi Malenkov déclara au monde que : « Les USA ne détiennent plus un monopole sur les bombes à hydrogène. » Cela fit trembler les peuples du monde et surtout les USA. Sauf que, comme nombre d’autres exagérations scientifiques de l’URSS, l’explosion d’une arme thermonucléaire ne signifie pas qu’une bombe H livrable était disponible. Mais les Soviétiques firent croire que c’était le cas. […] Pourtant, au moins deux ans avant que les États-Unis, avec toute leur technologie avancée et leur génie en matière d’ingénierie, n’aient été capables de fabriquer une bombe H petite et suffisamment légère pour être transportée dans le nez d’un missile, l’Union Soviétique avança qu’elle avait fait exploser une arme thermonucléaire – du premier coup !
                
                Encore plus incroyable est le fait que personne ne mit en doute la parole du Kremlin. […]
                
                L’enchaînement des événements par les communistes se poursuivit dans l’ère des ICBM. D’abord les Russes acquirent une bombe H – puis l’ICBM pour l’envoyer. Ils ont aussi « battu » les USA, tout du moins verbalement, de plus de deux ans dans le lancement « réussi » d’un ICBM. Mais il n’y a pas eu de preuve réelle qu’ils avaient lancé un missile sur des distances transcontinentales. Nos radars le long de la frontière turco-soviétique avaient observé quelques essais de fusées mais les plus longs trajets couverts par ceux-ci ne dépassaient pas 4.800 km. La plupart des vols se comptaient en centaines de km. […] En d’autres termes, à l’époque, il n’y avait aucun moyen de déterminer si les radars captaient un missile longue portée en vol ou une coquille vide lancée devant eux afin de rendre la nouvelle d’un ICBM russe plus crédible. De plus, personne hors de la Russie ne pouvait prouver la précision du « missile, » vu que la zone cible n’avait pas été donnée à l’avance.

[…]

                …le président Eisenhower attendit le 7 novembre, anniversaire de la révolution bolchévique, pour apparaître à la télévision avec le nez en forme de cône de l’ICBM récupéré dans l’océan et annoncer que les scientifiques des USA avaient résolu le problème de réentrée [dans l’atmosphère]. C’était un problème que beaucoup de scientifiques pensaient insoluble.
                Dans le même temps, en revanche, les Russes avaient lancé deux spoutniks et le monde était préparé à croire qu’ils étaient capables de résoudre tous les problèmes associés aux sciences aérospatiales. Il était accepté qu’ils avaient déjà perfectionné les missiles balistiques aptes à la réentrée et une bombe H livrable par missile… La question que presque personne ne semble poser à cette époque est : Les Soviétiques mentent-ils à propos de leurs ICBM ?
                L’existence de cet ICBM était tellement prise pour argent comptant que quand les Russes firent défiler une fusée allemande V-2 dans les rues de Moscou pour célébrer leur révolution bolchévique, United Press envoya l’histoire suivante aux USA :
                « Moscou, 7 novembre 1957. L’Union Soviétique en ce jour a présenté pour la première fois une fusée officiellement identifiée comme un missile balistique intercontinental. Le missile de 23 m de long faisait partie d’un des multiples armes secrètes à base de fusées mises en avant sur la Place Rouge au cours des cérémonies commémorant le 40ème anniversaire de la révolution bolchévique.
« L’agence de presse officielle soviétique TASS a identifié cette énorme fusée comme étant un ICBM. Les observateurs militaires occidentaux qui l’ont vue croyaient précédemment que c’était juste un missile de moyenne portée. TASS n’est pas entrée dans les détails. »
                Les « observateurs militaires occidentaux » avaient, bien évidemment, raison. La fusée paradée était bien de moyenne portée : environ 1.000 km. Mais cela n’a pas empêché l’agence de presse officielle soviétique de mentir pour entretenir le mythe florissant du puissant arsenal russe composé de missiles géants.

[…]

                Les deux reporters [James Preston, The New York Times, et Henry Shapiro, United Press, interviewèrent Khrouchtchev à l’automne 1957] crurent que Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev [à propos de l’existence d’un ICBM russe à tête nucléaire pouvant frapper n’importe où dans le monde] disait la vérité et écrivirent de longs articles qui parurent en première page de journaux à travers les USA. Pourtant au moment de ces interviews les avions espions U-2 scannaient l’URSS depuis plus de deux ans et demi et, selon un Conseiller Spéciale du Ministre de la Défense d’une période encore plus tardive, Oliver M. Gale, aucune preuve ne fut découverte d’une quelconque base de lancement d’ICBM ! […] Pourquoi cette information n’a pas été rendue publique après que le programme des avions U-2 a été divulgué reste pour moi incompréhensible – peut-être est-ce également le cas pour vous. Car la suppression de cette information n’a fait que laisser quartier libre aux soviétiques pour renforcer leur image d’une grande puissance en termes de missiles qui pouvait dominer le monde. Autant que je sache, c’est la première fois que cette information est révélée au peuple américain.


[…]